Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu'il faut savoir sur cette décision historique
Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu'il faut savoir sur cette décision historique

Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu’il faut savoir sur cette décision historique

Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu'il faut savoir sur cette décision historique

La FCC vient d’ajouter les drones DJI et Autel à sa « Covered List », interdisant de facto l’importation de nouveaux modèles sur le sol américain. Décryptage complet de cette mesure qui bouleverse le marché mondial du drone.

C’est officiel. Le 22 décembre 2025, la Federal Communications Commission (FCC) a pris une décision qui va marquer l’histoire de l’industrie du drone : l’ajout de tous les drones de fabrication étrangère, incluant le géant chinois DJI et son concurrent Autel Robotics, à sa liste d’équipements présentant un « risque inacceptable pour la sécurité nationale ». Une mesure aux conséquences majeures pour les millions d’utilisateurs américains et pour l’ensemble du marché mondial.

Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu'il faut savoir sur cette décision historique

Ce qui vient de se passer

Le 22 décembre 2025, un organisme interagences de la Maison Blanche a rendu sa détermination de sécurité nationale : les drones et composants fabriqués à l’étranger représentent des risques inacceptables pour la sécurité des États-Unis. Dès le lendemain, la FCC a officialisé l’ajout de ces équipements à sa « Covered List ».

Cette décision n’est pas apparue de nulle part. Elle découle directement de la Section 1709 du National Defense Authorization Act (NDAA) pour l’année fiscale 2025, promulgué le 23 décembre 2024. Cette loi imposait un délai d’un an pour qu’une agence de sécurité nationale effectue un audit de sécurité sur DJI et Autel. Problème : aucune agence n’a été désignée pour mener cet audit. Résultat ? L’interdiction est entrée en vigueur automatiquement par défaut.

Interdiction des drones DJI aux États-Unis : tout ce qu'il faut savoir sur cette décision historique

Ce qui est interdit (et ce qui ne l’est pas)

Ce qui change

  • Les nouveaux modèles de drones DJI et Autel ne peuvent plus obtenir d’autorisation FCC, ce qui empêche leur importation et leur vente aux États-Unis
  • Les composants critiques (transmetteurs de données, contrôleurs de vol, stations au sol, capteurs, caméras, batteries, moteurs) sont également concernés
  • Toute filiale, partenaire ou entité ayant un accord de licence technologique avec DJI ou Autel est touchée
  • Les drones déjà autorisés par la FCC restent parfaitement légaux à posséder, utiliser, acheter (stocks existants) et vendre
  • Aucun rappel, aucune désactivation à distance, aucune restriction d’utilisation
  • Les modèles concernés incluent : Mini 4 Pro, Mini 3 Pro, Air 3, Air 2S, Mavic 3 Pro, Mavic 3 Classic, Avata 2, Neo, Flip, et toute la gamme Matrice pour les professionnels

Concrètement, si vous possédez un drone DJI, vous pouvez continuer à l’utiliser normalement. Les revendeurs peuvent écouler leurs stocks actuels. Mais une fois ces stocks épuisés, plus aucun nouveau modèle DJI ne sera disponible sur le marché américain, sauf exemption spécifique accordée par le Département de la Défense ou de la Sécurité intérieure.

Le texte de loi : Section 1709 du NDAA 2025

Pour comprendre cette situation, il faut examiner le texte même de la loi. La Section 1709 du NDAA 2025, intitulée « Analysis of Certain Unmanned Aircraft Systems Entities », établit le cadre juridique suivant :

Les entités visées

La loi cible explicitement « Shenzhen Da-Jiang Innovations Sciences and Technologies Company Limited » (DJI Technologies) et « Autel Robotics », ainsi que toutes leurs filiales, partenaires, coentreprises et toute entité bénéficiant d’un accord de partage technologique ou de licence.

Le mécanisme d’interdiction automatique

Le paragraphe (a)(2) de la Section 1709 stipule : « Si l’agence de sécurité nationale appropriée ne fait pas de détermination […] dans un délai d’un an après la promulgation de cette loi, la Commission [FCC] ajoutera tous les équipements et services de communication listés au paragraphe (1) à la liste couverte. »

C’est exactement ce qui s’est passé. La loi a été promulguée le 23 décembre 2024. Aucune agence n’a effectué l’audit requis. Le 23 décembre 2025, l’interdiction est entrée en vigueur automatiquement.

Le piège législatif

Comme l’a souligné DJI dans sa réponse officielle, la loi contient une faille majeure : elle n’a désigné aucune agence spécifique pour mener l’audit de sécurité. Les cinq agences éligibles (Department of Homeland Security, Department of Defense, Office of the Director of National Intelligence, National Security Agency, FBI) se sont regardées en chien de faïence. Personne n’a bougé.

Certains analystes estiment que ce n’était pas un oubli, mais une conception délibérée. Deux « trappes » ont été intégrées à la loi : l’absence de désignation d’une agence responsable, et l’interdiction automatique en cas d’inaction. Le résultat était prévisible dès le départ.

La réaction de DJI

DJI s’est dit « déçu » par cette décision, soulignant qu’aucune information n’a été communiquée sur les preuves utilisées par le pouvoir exécutif pour justifier cette détermination. L’entreprise maintient que ses produits « sont parmi les plus sûrs et les plus sécurisés du marché », appuyés par des audits indépendants et des revues d’agences gouvernementales américaines.

Dans une déclaration officielle, DJI a affirmé : « Les préoccupations concernant la sécurité des données de DJI ne sont pas fondées sur des preuves et reflètent plutôt du protectionnisme. »

L’entreprise avait pourtant multiplié les appels au gouvernement américain. En mars, juin et décembre 2025, DJI a envoyé des lettres aux responsables fédéraux, demandant l’audit de sécurité prévu par la loi. Toutes sont restées sans réponse. DJI proposait un accès total à sa technologie pour examen, confiant de pouvoir réfuter les allégations.

Le fabricant a également mis en avant ses mesures de sécurité existantes : le Local Data Mode permettant de voler totalement hors ligne, l’absence de synchronisation automatique des logs de vol pour les utilisateurs américains depuis juin 2024, le chiffrement AES-256, et la certification ISO 27701 de FlightHub 2.

Les raisons officielles de l’interdiction

Selon la fiche d’information de la FCC, la détermination de sécurité nationale conclut que les drones de fabrication étrangère « pourraient permettre une surveillance persistante, une exfiltration de données et des opérations destructrices sur le territoire américain ».

Mais la FCC va plus loin que les simples préoccupations de sécurité des données. Elle affirme que la dépendance aux drones de fabrication étrangère « sape de manière inacceptable la base industrielle américaine du drone ». Cet argument économique et industriel suggère que la décision vise autant à protéger les fabricants américains qu’à contrer des menaces de sécurité.

Le président de la FCC, Brendan Carr, a déclaré : « J’accueille favorablement cette détermination de sécurité nationale du pouvoir exécutif. […] Suivant le leadership du président Trump, la FCC travaillera étroitement avec les fabricants de drones américains pour libérer la domination américaine du drone. »

Les implications pour le marché

DJI contrôle environ 70% du marché mondial des drones grand public et professionnels. Aux États-Unis, plus de 87% des drones utilisés par les services de sécurité publique sont des DJI. Cette interdiction va créer un vide considérable sur le marché.

Pour les particuliers

Les pilotes récréatifs sont les moins affectés à court terme. Les drones existants restent utilisables. Cependant, à mesure que les modèles actuels vieilliront, les options de remplacement se réduiront drastiquement. Les alternatives américaines, comme les drones de la société Unusual Machines (dont Donald Trump Jr. a rejoint le conseil consultatif), sont généralement plus chères et moins performantes selon les utilisateurs.

Pour les professionnels

Les services d’urgence, les entreprises de construction, les agriculteurs et les vidéastes professionnels font face à une situation délicate. Les alternatives américaines ne proposent pas encore les mêmes fonctionnalités au même prix, particulièrement pour les missions de cartographie, d’inspection et de sécurité publique.

Pour l’industrie

L’interdiction pourrait accélérer les investissements dans les startups américaines de drones et stimuler la production nationale. Mais les experts avertissent qu’il faudra des années avant que l’industrie américaine ne puisse rivaliser avec l’écosystème mature et les économies d’échelle de DJI.

Et maintenant ?

La décision n’est pas définitivement verrouillée. Selon la fiche d’information de la FCC, des exemptions peuvent être accordées si le Département de la Défense ou le Département de la Sécurité intérieure détermine qu’un drone ou une catégorie de drones spécifique ne présente pas de risque. Cette porte de sortie reste cependant étroite.

La FCC a également le pouvoir, qu’elle s’est octroyé en octobre 2024, de révoquer les autorisations FCC déjà accordées. Si elle décidait d’utiliser ce pouvoir, les drones DJI existants pourraient théoriquement devenir illégaux à utiliser. Pour l’instant, aucune action de ce type n’a été annoncée.

DJI pourrait contester la décision devant les tribunaux. Cependant, les précédents (Huawei, Kaspersky Lab) ne sont pas encourageants. Les tribunaux ont généralement validé ce type de restrictions au nom de la sécurité nationale.

Quelles conséquences pour les utilisateurs français ?

Bonne nouvelle pour les pilotes de drones en France et en Europe : cette interdiction américaine n’a aucun effet juridique sur notre territoire. Les drones DJI et Autel restent parfaitement légaux à l’achat, à la vente et à l’utilisation dans l’Union européenne. La réglementation européenne sur les drones (règlement UE 2019/947) n’est pas affectée par les décisions de la FCC américaine.

Personnellement, j’utilise un drone DJI Neo. Et si je prends le cas de Kaspersky, j’utilise toujours cet antivirus.

Aucun impact direct

  • Les drones DJI continuent d’être vendus normalement en France
  • Les nouveaux modèles (comme le Mavic 4 Pro ou le Mini 5 Pro) seront disponibles en Europe
  • Le support, les mises à jour et les garanties restent assurés
  • La réglementation française (catégories Open, Specific, Certified) n’est pas modifiée

Des impacts indirects à surveiller

Cependant, à moyen et long terme, plusieurs effets indirects pourraient se faire sentir :

  • Stratégie de DJI : Perdre le marché américain (environ 20-25% des ventes mondiales) pourrait affecter les capacités d’investissement en R&D de DJI, même si l’entreprise reste dominante ailleurs
  • Effet domino potentiel : D’autres pays alliés des États-Unis (Australie, Royaume-Uni, Canada) pourraient envisager des mesures similaires, bien que rien ne soit annoncé à ce jour
  • Évolution des prix : La perte du marché américain pourrait paradoxalement faire baisser les prix ailleurs (pour compenser les volumes perdus) ou les augmenter (si DJI réduit sa production)
  • Position de l’UE : L’Union européenne n’a pour l’instant émis aucune alerte de sécurité concernant les drones DJI. La Commission européenne observe la situation mais n’a pas annoncé de mesures similaires

Si vous voyagez aux États-Unis

Pour les pilotes français qui prévoient de voyager aux États-Unis avec leur drone DJI, la situation reste floue. En théorie, les drones déjà certifiés FCC peuvent être utilisés. Cependant, il est conseillé de vérifier les dernières réglementations avant tout déplacement et de s’assurer que votre modèle dispose bien d’une certification FCC valide (visible sur le drone lui-même ou dans les spécifications techniques).

À noter : il serait illégal d’importer un drone DJI aux États-Unis pour le revendre. L’usage personnel avec un modèle déjà certifié reste autorisé.

Ce qu’il faut retenir

Cette interdiction marque un tournant majeur dans l’industrie du drone. Officiellement motivée par des préoccupations de sécurité nationale, elle répond aussi à une volonté de « libérer la domination américaine du drone », comme l’a explicitement déclaré la FCC.

Pour les utilisateurs actuels, pas de panique immédiate : vos drones DJI restent parfaitement légaux. Mais l’ère des mises à jour régulières et des nouveaux modèles DJI sur le marché américain semble révolue, sauf revirement politique majeur.

L’impact sur le marché mondial reste à évaluer. Si les États-Unis représentent un marché crucial, DJI continue de vendre librement dans le reste du monde. Mais cette décision pourrait inspirer d’autres pays à prendre des mesures similaires, fragmentant davantage le marché international du drone.

Sources

Plateforme de Gestion des Consentements par Real Cookie Banner